Résumé
Cette vidéo de Mediapart examine l'instrumentalisation de l'assassinat de Charlie Kirk, un influenceur d'extrême droite américain, par la droite MAGA et certains commentateurs en France. Elle analyse comment Kirk a été érigé en martyr de la liberté d'expression malgré ses discours de haine, et comment cet événement a été utilisé pour attaquer la gauche et certains médias. La vidéo explore également les parallèles troublants avec l'histoire nazie et met en garde contre la banalisation de la victimisation de l'extrême droite.
- L'assassinat de Charlie Kirk a été instrumentalisé par l'extrême droite pour attaquer la gauche et certains médias.
- Kirk a été érigé en martyr de la liberté d'expression malgré ses discours de haine.
- Des commentateurs en France ont contribué à la confusion en comparant Kirk à Charlie Hebdo.
- La vidéo met en garde contre la banalisation de la victimisation de l'extrême droite et la concentration des médias aux mains de personnalités proches de Donald Trump.
Introduction
L'émission "À l'air libre" de Mediapart se penche sur l'assassinat de Charlie Kirk, un influenceur américain d'extrême droite, et son instrumentalisation par la droite MAGA et certains commentateurs en France. L'objectif est de comprendre comment Kirk est devenu un symbole de la liberté d'expression malgré ses discours de haine, et comment cet événement a été utilisé pour attaquer la gauche et certains médias.
Un martyr de l’Amérique MAGA
Charlie Kirk, 31 ans, a été assassiné le 10 septembre alors qu'il débattait avec des étudiants. Il était connu pour "évangéliser" les campus universitaires américains, considérés comme des "repaires de militants de gauche" par Donald Trump et ses partisans. Après sa mort, Trump lui a accordé la médaille présidentielle à titre posthume et un hommage national a été organisé. L'administration Trump a profité de cet assassinat pour attaquer certains médias et militants de gauche, ce qui a été comparé à l'incendie du Reichstag en 1933.
Présentation des invités
Fabien Escalona, journaliste à Mediapart, Sylvie Laurent, historienne et américaniste, et Cole Stangler, journaliste indépendant, sont les invités de l'émission. Ils partagent leurs premières impressions sur l'affaire Charlie Kirk, soulignant la manipulation politique de l'événement, l'instrumentalisation par l'administration Trump et l'intérêt que cette tragédie a suscité en France.
Une récupération très politique
Sylvie Laurent souligne que la cérémonie d'hommage à Kirk a été transformée en un rassemblement politique pour Donald Trump, qui a surtout parlé de lui-même. Cole Stangler est surpris par l'intérêt que cette affaire a suscité en France et par l'instrumentalisation politique de cette tragédie par l'administration Trump. Fabien Escalona note l'importation de la guerre culturelle américaine dans le contexte français, notamment par le Rassemblement National.
L’hommage à Kirk au stade de Glendale
Un hommage a été rendu à Charlie Kirk dans le State Farm Stadium de Glendale, en Arizona, devant 70 000 personnes. Des personnalités du trumpisme étaient présentes, dont Donald Trump, qui a salué les talents de débatteur de Kirk. Stephen Miller a prononcé un discours annonçant la guerre des mondes avec l'Amérique libérale et progressiste, accusée d'avoir tué Charlie Kirk.
Une mise en scène religieuse
Sylvie Laurent décrit la cérémonie comme une "sanctification" et un "resserrement tribal" des soutiens de Donald Trump. Elle souligne l'importance de la mise en scène religieuse, qui correspond au fondamentalisme religieux de Charlie Kirk. Elle compare également l'événement à la mise en scène de la mort de Horst Wessel par Goebbels, visant à créer une unité nationale autour de la mort sainte et de la vengeance.
Charlie Kirk, un incitateur à la haine
Cole Stangler souligne le nationalisme chrétien de Charlie Kirk, qui pensait que les États-Unis avaient une mission divine. Il note également que Trump joue un rôle de "roi David" pour les chrétiens évangéliques. L'émission aborde ensuite les discussions sur le profil de Charlie Kirk, qui était certes d'extrême droite, mais qui savait débattre avec ses opposants. Cependant, il est rappelé que Kirk tenait des propos discriminatoires envers les minorités et que ses débats étaient souvent des "joutes verbales" visant à humilier ses adversaires.
Miser sur des joutes verbales déséquilibrées
Sylvie Laurent explique que les "débats" de Charlie Kirk étaient en réalité des "joutes verbales" visant à humilier des jeunes, souvent des femmes ou des personnes transgenres. Elle souligne également que Kirk tenait des propos racistes, antisémites et homophobes dans son podcast. Elle s'étonne de voir des personnalités politiques et des éditorialistes féliciter sa manière de faire de la politique, et signale qu'une résolution Charlie Kirk a été votée par plus de 100 démocrates au Congrès.
La chasse aux sorcières ciblant la gauche
Cole Stangler souligne que l'administration Trump a lancé une "chasse aux sorcières" en ciblant la gauche et le mouvement antifa après l'assassinat de Charlie Kirk. Il rappelle que le profil du tueur de Kirk n'est pas clair idéologiquement, et que le procureur de l'Utah ne veut pas faire de commentaires sur des motivations politiques.
Le profil de Tyler Robinson
Sylvie Laurent décrit le profil de Tyler Robinson, le tueur de Charlie Kirk, comme celui d'un jeune homme de 22 ans issu d'une famille mormone pratiquante et républicaine. Elle souligne que Robinson était peut-être en couple avec une personne transgenre, ce qui a activé les obsessions de la droite américaine qui fait des personnes trans une cible. Elle note également que Robinson est effacé dans le grand récit politique, où il est présenté comme un instrument d'une conspiration de gauche.
Une répression qui s’accélère
L'émission aborde l'accélération de la répression contre les dissidents aux États-Unis après l'assassinat de Charlie Kirk. Sylvie Laurent compare cette situation à l'incendie du Reichstag, soulignant que l'accusation de crimes terroristes commis par des communistes a permis aux nazis d'entamer une vague de répression contre les opposants de gauche. Elle note que des élus démocrates sont plaqués au sol par des agents de la police de l'immigration, que des visas sont révoqués pour des motifs politiques et que des universités donnent des listes d'enseignants à surveiller.
Un meurtre instrumentalisé par l’extrême droite
L'émission examine comment l'extrême droite française s'est engouffrée dans la brèche pour faire de Charlie Kirk un héros de la liberté d'expression, malgré le fait qu'elle ne le connaissait pas vraiment avant son assassinat. Des éditorialistes et des personnalités politiques ont présenté Kirk comme un homme de dialogue et un défenseur de la jeunesse conservatrice, tout en minimisant ses propos haineux.
« Faire de Charlie Kirk un contre George Floyd »
Sylvie Laurent avance que l'extrême droite essaie de faire de Charlie Kirk un "contre-George Floyd", en imposant une contre-image à la mort de George Floyd, qui a mis 20 millions de personnes dans la rue. Elle explique que l'extrême droite veut effacer le film traumatique de la mort de George Floyd en mettant en avant la "béatification" de Charlie Kirk.
Que défendait vraiment Charlie Kirk ?
L'émission présente des extraits du podcast de Charlie Kirk, qui défendait la théorie raciste du grand remplacement, affirmait que l'islam est incompatible avec l'Occident, accusait les juifs d'être les soutiens financiers des anti-Blancs et s'opposait à l'avortement et aux transitions de genre. Sylvie Laurent souligne que 90 % de ces propos tombent sous le coup de la loi en France.
Une victimisation qui se banalise
Cole Stangler souligne que Charlie Kirk savait s'adresser à une partie de la jeunesse qui ne voyait pas forcément de problème dans ses propos. Il note également que l'extrême droite américaine a un fort sentiment de victimisation, même si elle est au pouvoir. Il explique que la mort de Charlie Kirk résonne autant parce que c'est quelqu'un qui, de leur point de vue, est mort pour ses idées.
Des éditorialistes français sèment la confusion
L'émission examine les hommages rendus à Charlie Kirk par des éditorialistes français, dont Emma Becker, Raphaël Enthoven et Guillaume Erner. Fabien Escalona souligne que ces hommages ont contribué à une "euphémisation totale" des positions de Kirk et à une confusion autour de ce que veut dire la liberté d'expression.
Pratiquer la cancel culture ne sert pas la liberté d’expression
Sylvie Laurent souligne qu'il y a une "américanisation" sauvage des opinions françaises, alors que le contexte américain est très particulier. Elle explique que la liberté de parole aux États-Unis suppose que l'on garantit le droit à l'autre de s'exprimer, y compris si l'on abhorre ses opinions. Cole Stangler rappelle que Charlie Kirk pratiquait une forme de "cancel culture" en tenant une liste de professeurs qui auraient des idées dangereuses.
La concentration des médias permet la propagande Kirk
Sylvie Laurent met en garde contre la concentration des médias aux mains de personnalités proches de Donald Trump, qui pourraient utiliser ces plateformes pour diffuser de la propagande. Elle souligne que la confusion et la collusion entre le capital et l'extrême droite sont influentes, et que les médias français sont poreux à cette propagande.