Bref Résumé
Cette vidéo explore le concept ancien de l'harmonie des sphères, de ses origines avec Pythagore à son évolution à travers Platon, Cicéron, et son adaptation par Kepler. Elle examine comment cette théorie a lié la musique, l'astronomie et la psyché humaine, influençant la pensée et la culture occidentales jusqu'à la révolution scientifique.
- Pythagore découvre les liens entre les intervalles musicaux et les rapports arithmétiques.
- Platon développe la théorie de l'harmonie des sphères, où l'univers est ordonné par des proportions musicales.
- Kepler adapte cette théorie aux nouvelles lois de l'astronomie, malgré la révolution scientifique.
Introduction
La vidéo introduit le concept de l'harmonie des sphères, une notion ancienne explorée par des figures telles que Johannes Kepler. Kepler, bien qu'ayant démontré que les corps célestes gravitent sur des ellipses et non des cercles, a écrit sur les mouvements du ciel comme un chant continu perçu par l'intellect, une musique progressant à travers des cadences. Pour comprendre cette perspective, il faut remonter à l'Antiquité et à Pythagore.
Pythagore et la découverte des rapports musicaux
Pythagore, philosophe pour qui tout est nombre, découvre que les nombres régissent l'univers et que les rapports numériques révèlent la vérité. Il constate que les nombres 1, 2, 3 et 4 génèrent les principaux intervalles musicaux. Une anecdote raconte comment Pythagore, entendant les sons consonants des marteaux de forgerons, identifie un lien entre les poids des marteaux et les intervalles musicaux d'octave, de quinte et de quarte. Il reproduit ensuite ces expériences avec des cordes, établissant un lien empirique entre les intervalles musicaux et les rapports arithmétiques simples.
Platon et l'harmonie cosmique
Platon développe la théorie de l'harmonie des sphères, croyant en un univers ordonné par des proportions produisant des harmonies musicales. Dans le Timée, il décrit la création du monde comme un monocorde, où la position des sphères célestes est régie par une gamme musicale. Dans la République, il présente le mythe de Er, où l'univers est composé de cercles concentriques avec des sirènes chantant une note sur chaque cercle, créant une harmonie parfaite.
Cicéron et la fusion des mythes
Au Ier siècle avant J.-C., Cicéron fusionne les mythes de Platon en une seule histoire dans son "Songe de Scipion". Il décrit le monde comme étant renfermé dans neuf sphères, chacune produisant une note, créant ainsi une harmonie des sphères. Cicéron explique que l'oreille humaine n'entend pas cette harmonie car elle est constante depuis la naissance, rendant notre ouïe insensible à elle.
Évolution de la théorie à la Renaissance
La théorie de l'harmonie des sphères s'enrichit au fil des siècles. Aristide Quintillan étend le système pour inclure les éléments subluminaires, les saisons et les aspects de la vie quotidienne. Boèce énonce une tripartition de la musique : musica mundana (harmonie des sphères), musica humana (harmonie intérieure du corps humain) et musica instrumentalis (musique produite par les instruments ou la voix).
Marsile Ficin et le néoplatonisme
À la Renaissance, Marsile Ficin élabore un système de sympathie à travers le cosmos, reliant divers éléments tels que les tempéraments, les éléments, la voûte céleste et les points cardinaux. La musique, avec ses modes, est intégrée à cette construction, permettant d'agir sur les planètes et les facettes de la personnalité. Le symbolisme musical associe des sens cachés aux nombres, incarnés dans la musique.
Harmonie des sphères et mysticisme chrétien
Giorgio Anselmi applique un mysticisme chrétien à la théorie de l'harmonie des sphères, remplaçant les sirènes par des groupes d'anges de la hiérarchie céleste. L'œuvre "Deo Gratias" de Johannes Ockeghem, à 36 voix, est un exemple de l'influence de cette théorie, avec ses 36 voix représentant les neuf groupes d'anges chantant depuis les quatre points cardinaux.
Déclin et héritage de la théorie
À la fin de la Renaissance, la théorie de l'harmonie des sphères devient moins soutenable avec les révolutions scientifiques. Tycho Brahe remet en question le système de rotation des corps sphériques. Kepler adapte la théorie aux nouvelles lois de l'astronomie, considérant que chaque planète produit un intervalle plutôt qu'une seule note. Bien que la théorie disparaisse avec la révolution scientifique, elle reste un marqueur de la culture gréco-latine occidentale.