Résumé bref
Cette interview avec Abdelaziz Rahabi, ancien ministre et diplomate algérien, explore les tensions croissantes entre l'Algérie et la France. Les sujets abordés incluent le Sahara occidental, l'immigration, et les accusations de la France envers l'Algérie concernant la non-réception de ressortissants algériens considérés comme dangereux. Rahabi souligne que la France utilise la question migratoire à des fins politiques intérieures, ce qui crée un climat délétère et nuit aux relations bilatérales. Il met en garde contre une rupture irréparable et appelle à un dialogue constructif entre les deux pays.
- La France utilise la question migratoire à des fins politiques intérieures.
- La France a perdu son rôle de médiateur au Maghreb en prenant position avec le Maroc sur le Sahara occidental.
- Rahabi appelle à un dialogue constructif entre les deux pays pour éviter une rupture irréparable.
La Crise Franco-Algérienne: Une des Plus Graves Depuis l'Indépendance?
Rahabi confirme que la crise actuelle est l'une des plus graves depuis l'indépendance de l'Algérie en 1962. Il souligne que l'Algérie a délivré près de 3000 visas en 2024, ce qui correspond au taux de satisfaction des autres pays d'Afrique du Nord et d'Afrique subsaharienne. Cependant, il critique la focalisation excessive sur l'Algérie dans le débat public français, qui selon lui, sert à promouvoir un certain agenda politique. Il dénonce la stigmatisation des Algériens en France, qui sont souvent associés à la délinquance et à l'occupation.
L'Ultimatum Français: Une Privatisation de la Politique Intérieure?
Rahabi critique l'utilisation d'un langage d'ultimatum par la France, qui selon lui, est inapproprié dans les relations diplomatiques. Il dénonce la "privatisation" de la question algérienne en France, où le ministre de l'Intérieur et le Premier ministre prennent des positions publiques sur l'Algérie, ce qui donne l'impression d'un retour à l'époque coloniale. Il rappelle que les relations franco-algériennes sont régies par un accord de coopération qui peut être révisé et amendé.
Le Sahara Occidental: Un Point de Rupture?
Rahabi souligne que la déclaration du président Macron sur la marocanité du Sahara occidental a été un élément déclencheur de la crise. Il estime que cette position nuit davantage à la France qu'à l'Algérie, car elle a perdu son rôle de médiateur au Maghreb. Il critique la France pour avoir pris parti avec le Maroc, ce qui a réduit son influence dans la région.
La France: Un Pays Pris en Otage par ses Propres Lobbies?
Rahabi exprime son inquiétude quant à l'influence des lobbies français sur la politique étrangère de la France envers l'Algérie. Il souligne que la droite et l'extrême droite françaises, ainsi que les Algériens de France qui ont intérêt à une mauvaise relation entre les deux pays, influencent la prise de décision française. Il déplore le manque de bonne volonté et de volonté d'apaisement de la part de la France.
Vers une Rupture Irréparable?
Rahabi souligne que les signaux envoyés par la France sont contradictoires, oscillant entre des discours d'apaisement et des discours d'escalade. Il cite l'interview du président Tebboune au journal français "L'Opinion", où il évoquait un climat délétère et un dialogue politique quasiment interrompu. Il craint que l'escalade actuelle conduise à une rupture irréparable entre les deux pays.
L'Algérie: Un Pays Sous Pression?
Rahabi affirme que l'Algérie ne cherche pas l'escalade ni la rupture, mais qu'il est difficile de supporter la pression exercée par la France. Il dénonce la transformation de l'Algérie en une question de politique intérieure en France, ce qui est insupportable pour les Algériens. Il critique les mesures vexatoires prises par la France envers les détenteurs de passeports diplomatiques algériens et les menaces de mesures contre tous les Algériens.
La Diplomatie: Un Jeu de Pouvoir ou un Dialogue Constructif?
Rahabi souligne que les relations internationales sont régies par des accords intergouvernementaux et que la France peut dénoncer ou réviser l'accord de 1968 si elle le souhaite. Il critique la France pour avoir utilisé la question algérienne à des fins politiques intérieures, ce qui est contraire aux règles de la diplomatie. Il appelle à un dialogue constructif et à la recherche d'un apaisement entre les deux pays.
Un Geste d'Apaisement?
Rahabi souligne que la question migratoire ne doit pas devenir centrale dans les relations franco-algériennes. Il appelle à une approche globale des relations bilatérales, qui tienne compte des aspects économiques, stratégiques et humains. Il met en garde contre le risque de donner du grain à moudre aux nostalgiques de la colonisation française en se focalisant uniquement sur la question migratoire. Il conclut en appelant à la sérénité et à la sécurité de la communauté algérienne en France.
