Zeteo #326 - Lytta Basset : Quand la Bible nous scandalise

Zeteo #326 - Lytta Basset : Quand la Bible nous scandalise

Bref Résumé

L'épisode explore comment aborder les passages bibliques qui nous choquent ou nous semblent incompréhensibles. Lita Bassé souligne l'importance de ne pas s'arrêter à une lecture superficielle ou à des traductions dogmatiques, mais de creuser plus profondément pour découvrir le message vivant et personnel que ces textes peuvent nous offrir.

  • Importance de la Bible comme source de vie et d'inspiration.
  • Nécessité de revoir les traductions et d'éviter les interprétations dogmatiques.
  • Autorisation de chacun à interpréter la parole divine avec ses propres oreilles.
  • Importance de prendre en compte son désir profond lors de la lecture de la Bible.
  • La Bible comme miroir pour le meilleur et pour le difficile.

Introduction

Guillaume introduit Lita Bassé, philosophe et théologienne, pour discuter de son nouveau livre "Parole de feu : Quand la Bible nous scandalise". L'objectif est d'explorer les passages bibliques qui peuvent être choquants ou incompréhensibles et de trouver une manière de les aborder de manière constructive. Lita Bassé explique que ce sont souvent les paroles choquantes de la Bible qui l'ont poussée à entreprendre des études de théologie.

L'importance de la Bible et le paradoxe de la soif spirituelle

Lita Bassé souligne l'importance de la Bible comme une mine d'or, une source de paroles venues d'ailleurs qui peuvent nous remettre dans le courant de la vie. Elle note un paradoxe : les églises se vident, mais la soif spirituelle demeure. Souvent, les traductions sont un problème, et les personnes sans culture chrétienne sont parfois plus réceptives car elles n'ont pas d'a priori. Elle insiste sur le fait que le but n'est pas de déprécier la Bible, mais de ne pas se laisser arrêter par les phrases qui nous scandalisent, afin d'accéder à ce que ces paroles ont de brûlant à nous dire.

La nécessité de revoir les traductions et d'oublier les dogmes

Il est nécessaire de revoir les traductions de la Bible, en particulier celles qui s'arrangent ou se rendent compatibles aux dogmes. L'église naissante a parfois voulu régenter et dogmatiser les textes, ce qui a limité la créativité initiale. Lita Bassé plaide pour que chacun se sente autorisé à entendre la parole divine avec ses propres oreilles et à l'exprimer avec ses propres mots. Elle souligne que la Bible n'est pas un texte facile d'accès, mais qu'elle nous connecte à notre grande profondeur et demande une volonté de creuser et de laisser raisonner en profondeur.

Le critère : que la nouvelle soit heureuse et aide à vivre

Le critère essentiel est que la nouvelle que l'on tire de la Bible soit heureuse, qu'elle nous aide à vivre et qu'elle permette aussi aux autres d'être plus vivants. Si une parole nous inspire et nous aide à vivre, il y a de fortes chances qu'elle puisse en aider d'autres. Lita Bassé explique que dans son livre, elle a voulu aborder les textes et les versets qui sont imbuvables pour beaucoup de gens.

La pratique de la Lectio Divina et le souffle saint

Lita Bassé partage son point de vue sur la lectio divina, une pratique consistant à lire et à méditer sur un texte biblique. Elle explique que même devant un texte qui ne l'inspire pas, elle peut l'écouter sous la forme d'une lectio divina personnelle et être étonnée de la manière dont un mot peut frapper sa profondeur et l'interpeller. Elle souligne que le souffle saint fait feu de tout bois, ce qui signifie que n'importe qui peut se trouver embrasé par ce souffle et que n'importe quel texte peut tout à coup se mettre à vibrer ou à nous apporter un éclairage.

Les passages bibliques qui sapent le moral et la doctrine du péché originel

Lita Bassé souligne qu'il y a de nombreux passages bibliques qui sapent le moral, effraient et détruisent, et qui se sont fortement intriqués dans l'inconscient collectif de l'Occident, comme la doctrine du péché originel. Elle explique que de la première ligne à la dernière, on est abreuvé de cette culpabilité, même si le dogme du péché originel n'est pas dans la Bible. Elle se demande si l'on n'entend pas les textes bibliques à travers ce dogme qui a été adopté tardivement.

Les adeptes de la voix et l'institutionnalisation du christianisme

Lita Bassé évoque les cinq premiers siècles du christianisme, une période bénie avec une mystique forte et pas d'église encore très constituée. Elle souligne que les chrétiens ne s'appelaient même pas chrétiens au départ, mais des adeptes de la voix. Elle regrette que l'on ne soit pas resté à cette appellation, car elle est plus proche de ce que Jésus est venu initier : un chemin à suivre, un chemin de vérité qui nous amène progressivement vers plus de vie. Elle déplore l'institutionnalisation du christianisme à partir du moment où l'empereur Constantin a décidé que tout le monde serait chrétien.

Parole de feu : faire entendre une parole bienfaisante et prendre en compte notre désir

Lita Bassé explique que dans son livre "Parole de feu", elle cherche à faire entendre une parole bienfaisante dans les passages scandaleux et à prendre en compte notre désir. Elle part du principe que si ces textes existent, ce n'est pas pour nous embêter, mais qu'ils ont quelque chose à nous dire. Elle considère la Bible comme un miroir pour le meilleur et pour le difficile, et elle pense que l'on doit chercher le sens profond qui va nous aider à vivre. Elle souligne que le désir divin est que notre désir humain puisse grandir et s'épanouir.

Apprendre à se réjouir des versets rébarbatifs et l'exemple de "Aux humains, c'est impossible"

Lita Bassé explique qu'elle a appris à se réjouir de tomber sur un verset rébarbatif, car c'est souvent celui qui la fait le plus avancer en la rendant plus vivante. Elle donne l'exemple de la phrase "Aux humains, c'est impossible, à Dieu, tout est possible". En creusant, elle s'est rendu compte que la préposition "para" signifie "auprès de", ce qui change complètement le sens : ce n'est pas à Dieu que tout est possible, mais auprès de Dieu que tout devient possible. Elle visualise alors son arbre préféré au bord d'un ruisseau, une image de sécurité et de proximité avec la source de vie.

Ne pas trafiquer les textes et l'exemple de Judas

Il ne s'agit pas de trafiquer les textes, mais de les aborder avec rigueur et honnêteté. Lita Bassé donne l'exemple de la phrase de Jésus sur Judas : "Il aurait mieux valu pour lui qu'il ne soit pas né". Cette phrase lui restait en travers de la gorge car elle s'identifiait à Judas à une époque de sa vie où elle ne se sentait pas digne de vivre. Mais en remarquant les mots "pour lui", elle a compris que Jésus exprimait sa compassion pour la souffrance de Judas.

La sollicitude de Jésus pour Judas et le pain de vie

Lita Bassé souligne la sollicitude de Jésus pour Judas, qui l'avait choisi en connaissance de cause. Elle évoque le geste de Jésus qui désigne Judas en lui donnant une bouchée, le pain de vie. Elle explique que Judas a d'abord reçu le pain de vie avant de sortir et de faire ce qu'il a fait. Elle souligne que Jésus ne condamne jamais Judas, même lors de l'arrestation, et qu'il l'aide en fait. Elle pense que Judas a fait son chemin de vérité en se rendant compte qu'il avait fait condamner un innocent.

La parole biblique appuie sur un endroit blessé et l'exemple de "Honore ton père et ta mère"

Lita Bassé explique qu'une parole biblique commence souvent par nous peiner car elle appuie sur un endroit blessé et met en lumière des dysfonctionnements personnels. Elle donne l'exemple du commandement "Honore ton père et ta mère", qui est souvent transformé en "Aime ton père et ta mère", ce qui peut être impossible dans le cas de parents indignes. Elle explique que le mot "honorer" signifie "donner du poids", c'est-à-dire reconnaître le poids que ces personnes ont eu dans notre vie, en positif comme en négatif.

Les fausses croyances et l'importance de lire le texte attentivement

Lita Bassé souligne qu'il y a énormément de fausses croyances qui font que l'on comprend mal ou que l'on veut comprendre ce qui n'est pas dans le texte. Elle donne des exemples comme l'absence de pardon dans la parabole du fils prodigue, l'absence de paradis pour Adam et Ève, l'absence d'auberge à Emmaüs et l'absence de bon samaritain. Elle insiste sur l'importance de lire le texte attentivement et de ne pas projeter nos propres idées ou nos propres besoins sur lui.

Convertissez-vous : un appel au retour et à la relation

Lita Bassé explique que le mot "convertissez-vous" n'est pas un appel à se repentir, mais un appel au retour, à la "Toshuva" en hébreu. C'est un retour à Dieu, à la source de vie, un retournement vers soi-même. Elle donne l'exemple de Jésus qui dit à Pierre : "Quand tu seras revenu, affermis tes frères", ce qui signifie quand tu auras fait un retour sur toi-même et que tu auras pris conscience de ton reniement.

Dans la douleur, tu enfanteras des fils : une malédiction mal comprise

Lita Bassé aborde la phrase "Dans la douleur, tu enfanteras des fils", qu'elle considère comme insupportable telle qu'on la comprend, car elle est souvent interprétée comme une malédiction. Elle explique que cette phrase renvoie à l'histoire de Genèse 2 et 3, où Adam et Ève mangent de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, ce qui entraîne une perte d'altérité et une condition humaine problématique. Elle cite une prière de Saint-Augustin : "Ne laisse pas ma ténèbre me parler", ce qui signifie ne pas laisser nos propres peurs et nos propres culpabilités influencer notre interprétation des écritures.

Le combat intérieur entre un être de lumière et un dieu vengeur

Lita Bassé souligne que les écritures sont le théâtre de notre combat intérieur, un combat entre la perception d'un être de lumière et la projection d'un dieu vengeur. Elle se demande d'où vient ce dieu vengeur et explique que l'Occident a un lourd héritage de culpabilisation et de peur, qui a été présenté comme tel pendant des siècles.

Tu aimeras ton prochain comme toi-même : une promesse en devenir

Lita Bassé aborde la phrase "Tu aimeras ton prochain comme toi-même", qui peut être difficile à vivre pour les personnes qui se détestent cordialement. Elle explique qu'en hébreu et en grec, cette phrase est un futur ou un inaccompli, ce qui signifie qu'elle est de l'ordre de la promesse. Elle l'entend comme "Tu deviendras capable d'aimer ton prochain comme toi-même", à mesure que tu apprendras à t'aimer toi-même.

Discernement et joie : les critères pour aborder un texte scandaleux

Face à un texte qui nous scandalise, il faut chercher à discerner si cela nous plonge dans la confusion ou si cela nous donne de la joie. Si la confusion demeure, c'est qu'il y a quelque chose qui ne colle pas, soit que l'on n'entend pas le texte dans ce qu'il a à nous dire, soit que l'on a reçu trop d'interprétations qui nous empêchent de l'entendre. Lita Bassé souligne que l'esprit saint n'est pas prisonnier de nos mots et que l'on peut l'entendre avec d'autres mots qui sont davantage les nôtres.

Jésus contredit certains passages et l'exemple du jour de vengeance

Lita Bassé souligne que Jésus n'a pas hésité à contredire certains passages ou un maître, et que les prophètes le font aussi. Elle donne l'exemple de la première prédication de Jésus à Nazareth, où il lit un passage d'Ésaïe qui contient la phrase "jour de vengeance de notre Dieu". Elle explique que Luc a peut-être censuré cette phrase car elle ne collait pas avec un programme de guérison et de libération. Elle propose une autre interprétation : la revanche de Dieu face aux gens malades et opprimés est justement de les libérer et de les guérir.

L'Éternel a donné, l'Éternel a repris et les versets tirés de leur contexte

Lita Bassé dénonce l'utilisation de la phrase "L'Éternel a donné, l'Éternel a repris" pour justifier des malheurs, car elle est souvent tirée de son contexte. Elle souligne qu'il est important de lire le contexte pour comprendre le sens d'un verset.

Celui qui te gifle sur la joue droite et la violence

Lita Bassé aborde la phrase "Celui qui te gifle sur la joue droite, tends-lui l'autre joue". Elle explique qu'il n'y a pas d'autre joue dans le texte, mais qu'il s'agit de tendre vers lui aussi une autre manière d'être. Elle souligne que Jésus n'a pas tourné la tête lorsqu'il a été giflé lors de son procès, mais qu'il a demandé : "Si j'ai mal parlé, montre-moi en quoi, et si j'ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ?" Elle explique qu'il s'agit de trouver une autre manière de se positionner face à la violence, qui n'est pas la contre-violence.

Ce que Dieu a uni, que l'humain ne le sépare pas et les mariages arrangés

Lita Bassé aborde la phrase "Ce que Dieu a uni, que l'humain ne le sépare pas", qui est souvent utilisée pour interdire le divorce. Elle explique que dans la Bible, ce n'est pas aussi clair que cela et que les rabbins ne sont pas d'accord entre eux sur les motifs de divorce. Elle raconte qu'un jour, en préparant le repas dans sa cuisine, elle a compris qu'il y a des tas de mariages que ce n'est pas Dieu qui a unis, des mariages arrangés ou des mariages où il n'y a pas le souffle de vie.

Tout homme qui regarde une femme avec convoitise et la conscience de soi

Lita Bassé aborde la phrase "Tout homme qui regarde une femme avec convoitise a déjà commis l'adultère dans son cœur". Elle explique que cela ne signifie pas que l'on n'a pas le droit de voir les femmes, mais que cela signifie que si l'on convoite une femme, c'est qu'il y a quelque chose qui n'est pas clair chez nous et qui mérite d'être creusé. Elle souligne que c'est toujours un appel à être beaucoup plus conscient sur notre manière d'être.

Quelle Bible lire ? Les conseils de Lita Bassé

Lita Bassé donne ses conseils sur les Bibles à lire. Pour la Bible hébraïque (Ancien Testament), elle recommande Shouraki, la Tobe (Traduction Œcuménique de la Bible) et la Bible du rabbin français qu'elle cite plusieurs fois dans son livre. Pour le Nouveau Testament, elle recommande également Shouraki, ainsi que les évangiles de Sœur Jeanne d'Arc. Elle souligne qu'il est toujours bien de comparer les différentes traductions pour s'apercevoir que ce n'est pas si simple que ça.

Conseils pour pratiquer la Lectio Divina et la conclusion du livre

Lita Bassé avoue être de mauvais conseil pour pratiquer la Lectio Divina, car elle a un côté tellement mystique qu'elle ne peut pas s'astreindre à quelque chose. Elle explique qu'elle fait partie de plusieurs groupes de partage où l'une ou l'autre personne propose d'approfondir un passage de la Bible. En conclusion de son livre, elle revient sur le titre "Paroles de feu de la Bible" et dit qu'elles ne peuvent nous apaiser que si elles consument ce qui n'est pas nous en vérité. Elle explique que cela signifie qu'il y a des choses que l'on ne peut pas entendre de la Bible tant que l'on ne lâche pas un dysfonctionnement. Elle donne l'exemple de la parabole de la dernière place, qui peut être insupportable pour les personnes qui ont une mauvaise image d'elles-mêmes, mais qui devient une source de joie lorsque l'on a trouvé sa place et que l'on n'a plus besoin d'être à la première place.

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