Bref Résumé
Cette vidéo de Céline Alvarez met en lumière l'importance cruciale des fonctions exécutives (mémoire de travail, contrôle inhibiteur et flexibilité cognitive) dans le développement de l'enfant. Elle explique comment ces compétences, souvent négligées au profit des apprentissages académiques précoces, sont en réalité les fondations biologiques de l'apprentissage et de la réussite globale.
- Les fonctions exécutives sont plus prédictives de la réussite que le QI.
- Elles se développent principalement entre 3 et 5 ans, mais peuvent être soutenues jusqu'à l'adolescence.
- Les activités pratiques de la vie quotidienne sont d'excellents supports pour leur développement.
Introduction
La vidéo introduit l'importance de soutenir le développement des compétences de base de l'intelligence, en particulier les fonctions cognitives supérieures telles que le raisonnement, la planification, la flexibilité et l'évaluation des options. Ces fonctions ont un pic de plasticité qui s'étend jusqu'à l'adolescence, offrant une large fenêtre d'opportunité pour leur développement en maternelle et en primaire. Même si la spécialisation cérébrale commence dès la maternelle, il est crucial de construire une base solide pour ces fonctions exécutives dès les premières années.
Que sont les compétences exécutives ?
Les compétences exécutives permettent d'agir de manière organisée pour atteindre des objectifs. Elles sont plus prédictives de la réussite globale que le quotient intellectuel (QI). Les trois principales compétences exécutives sont la mémoire de travail (capacité à garder et organiser des informations), le contrôle inhibiteur (capacité à contrôler les impulsions et les distractions) et la flexibilité cognitive (capacité à détecter les erreurs et à ajuster les stratégies). La flexibilité cognitive favorise la créativité et la persévérance.
Conséquences d'un sous-développement des fonctions exécutives
Un enfant avec des fonctions exécutives sous-développées peut avoir du mal à retenir les consignes, à contrôler son impatience et à persévérer dans une tâche. Il peut être facilement distrait et avoir des difficultés à se faire des amis. À l'inverse, une classe avec plusieurs enfants ayant ces difficultés peut devenir désorganisée, affectant le climat général et augmentant le risque de burn-out chez les enseignants. Le centre de développement de l'enfant de Harvard souligne qu'une base solide en fonctions exécutives est plus importante que la connaissance des lettres ou des chiffres pour la réussite scolaire.
L'importance de traiter la cause plutôt que le symptôme
Il est essentiel de traiter la cause du manque d'attention ou des difficultés d'apprentissage, plutôt que de simplement essayer de capter l'attention de l'enfant de manière superficielle. Les compétences exécutives sont les fondations biologiques de l'apprentissage, et leur développement devrait être une priorité dans la formation des enseignants. Les adultes ayant de bonnes compétences exécutives ont de meilleures performances scolaires, moins d'addictions, une meilleure santé et des relations sociales plus satisfaisantes.
Repérer la période sensible et les signaux de l'enfant
Il est crucial de repérer la période sensible où les compétences exécutives se développent. Les jeunes enfants manifestent souvent leur désir de faire seuls, même avant de parler. L'expression "moi tout seul" est un signal universel de ce besoin d'autonomie et de développement des fonctions exécutives. Les activités pratiques de la vie quotidienne offrent un terrain fertile pour exercer ces compétences.
Démystification : Aider n'est pas toujours bénéfique
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, les enfants ne font pas les tâches ménagères pour aider, mais parce que ces activités leur offrent un prétexte pour solliciter et exercer leurs compétences en développement. Ils recherchent des situations complexes qui leur demandent de la concentration, de la planification et de la flexibilité. Il est important de leur proposer des activités "challenging", c'est-à-dire suffisamment difficiles pour être stimulantes, mais pas trop pour ne pas les décourager.
Activités "challenging" et développement global
Les activités "challenging" doivent solliciter le contrôle inhibiteur, la mémoire de travail, la planification et la flexibilité ensemble, car le cerveau fonctionne comme un tout organique. Toute méthode qui isole une compétence cognitive ne peut pas être efficace. Les enfants recherchent du sens dans leurs activités, et celles-ci doivent leur apporter un sentiment de dignité et d'indépendance.
Indicateurs positifs et négatifs de la période sensible
Les indicateurs positifs d'une période sensible sont l'envie de faire seul, une concentration profonde et une satisfaction après avoir réalisé l'activité. Les indicateurs négatifs sont un mécontentement fort lorsque l'enfant est empêché de faire seul ou de faire une activité qui a du sens pour lui. Il est important de faire preuve de discernement et d'empathie pour distinguer un besoin légitime de développement d'une simple envie destructrice.
Témoignage : L'importance de la cohérence et de la persévérance
Céline Alvarez partage l'histoire d'un petit garçon qui arrivait à l'école avec une "mollesse cognitive" et un manque de structure intérieure. En travaillant avec lui de manière empathique mais ferme, et en impliquant sa grand-mère, elle a réussi à réveiller son élan d'autonomie et à lui donner le goût de l'apprentissage. Cette histoire illustre l'importance de la cohérence, de la persévérance et de la radicalité dans l'accompagnement des enfants, ainsi que la nécessité de ne pas bafouer leur intelligence en les empêchant de développer leurs fonctions exécutives.
